dimanche 9 avril 2017

Le Cameroun c'est le Cameroun -1-

Une arrivée à Yaoundé ne peut jamais se passer sans un peu de théâtralité, un peu de suspense. Installée dans mon siège du vol AF0775, je pense à cela en me demandant ce qui va bien pouvoir arriver dans les minutes qui suivront mes premiers pas sur le sol camerounais. Le trajet s’est passé sans histoires, l’avion a une quinzaine de minutes d’avance sur l’horaire prévu, il amorce déjà sa descente. Les hôtesses nous gratifient de leur petit laïus sur la ceinture qui doit être attachée, les sièges en position verticale, les tablettes relevées. Puis la voix du pilote prend le relais dans les haut-parleurs « Mesdames et messieurs, nous allons reprendre de l’altitude et nous mettre en position d’attente en tournant en rond au-dessus de nuages, car un violent orage vient de s’abattre sur la piste et il nous est impossible d’atterrir. » 

Et nous tournons. Dix minutes, quinze minutes, une demi-heure. Des murmures se baladent d’un siège à l’autre de la cabine, les regards virent à l’inquiétude. « Ils vont nous détourner sur Douala », « On n’aura bientôt plus d’essence on va s’écraser », « Ça commence à être long, vous êtes sûrs que c’est la vérité cette affaire d’orage ? » « On nous cache quelque chose de plus grave, c’est sûr ! » Enfin, après quarante-cinq minutes de tours de manège, l’avion pique du nez en direction de la piste. Il tangue, vibre, mais tient bon. L’atterrissage ressemble un peu à celui de l’albatros dans « Bernard et Bianca ». Enfin, l’appareil s’immobilise sur le tarmac et les passagers applaudissent soulagés. Les mâles qui s’agrippaient aux accoudoirs de leur siège quelques instants plus tôt fanfaronnent devant leur femme d’un « Tu vois je te l’avais bien dit qu’il allait rien se passer, tu as toujours peur pour tout ! »

Sortie de l’avion, couloirs climatisés, contrôle sanitaire, contrôle des passeports et visas, récupération des valises. Face au tapis roulant je médite sur cet adage qui veut que mes bagages sont TOUJOURS dans les derniers délivrés. Ce qui me laisse le temps de fomenter un certain nombre de scénarios catastrophe dont j’ai le secret. « mes valises se sont perdues », « les personnes qui doivent venir m’accueillir à l’aéroport ne sont pas là, je vais me retrouver seule sur le trottoir avec mes bagages »… J’admire ma capacité à toujours imaginer le pire ! 
Enfin, mes deux précieux colis pointent leur étiquette sur le tapis roulant, je m’en empare et file direction la sortie. Le comité d’accueil est bien là. Quelques accolades à m’en casser deux côtes plus tard nous nous dirigeons vers le parking. Sortie de l’aéroport. Et cette toujours même impression en pénétrant dans l’air camerounais. Car on pénètre dans cet air-là comme on le ferait dans un solide tant il est dense, saturé d’humidité, d’odeurs de toutes sortes. 

Traversée de la ville en voiture, je retrouve des sensations, des odeurs, des bruits. 
Petite halte avant d’arriver à destination, il s’agit de compenser la frugalité du repas servi à huit mille mètres d’altitude. Tradition personnelle, je me rue sur le premier Ndolè de mon séjour (et certainement pas le dernier) accompagné d’un Top pamplemousse. Soupir. Je suis arrivée. Je suis là. Depuis le temps, depuis sept ans…

Enfin, je franchis le seuil d’OTHNI, le centre de création théâtrale qui sera mon port d’attache de ces prochaines semaines. Au moment où j’entre, la pluie se remet à tomber. Suivie immédiatement d’une coupure d’électricité, l’un de ces fameux « délestages » censés alléger le réseau électrique saturé et qui comme par hasard affectent rarement les beaux quartiers où se massent les expats. Un rythme à prendre que ces coupures de courant. Voilà trente-six heures que je suis ici, et nous en avons déjà eu trois ainsi que deux coupures d’eau.


Le Cameroun c’est le Cameroun…

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